Tara is a communications associate with the Cyber Policy Center. She worked previously at Stanford's Graduate School of Business as the Creative Design and Communications Manager, where she managed student facing communications for MBA students. For the Cyber Policy Center she designs and produces content for social media channels, policy briefs, web pages, publications and white papers. She also works for CASA of San Mateo as a court appointed advocate for foster youth.
Shelby Perkins is a Research Assistant at the Stanford Internet Observatory (SIO) and a Master in International Policy candidate at Stanford University, where she specializes in cyber policy and security. At SIO, she monitors and writes on social media platform policies and various international disinformation campaigns. Previously, she worked in Lesotho as a Peace Corps volunteer and in higher education. She holds a B.A. in Political Science and Spanish, with a minor in Democracy Studies, from St. Mary’s College of Maryland and is a proud first-generation college graduate.
Soojong Kim is a postdoctoral fellow, jointly affiliated with the Program on Democracy and the Internet (PDI) and the Digital Civil Society Lab (DCSL). He received his PhD at the Annenberg School for Communication, University of Pennsylvania. His research centers around social media, misinformation, and computational social science. As a former computer scientist and engineer, he is also interested in applying and developing innovative research methods, including web-based experiments, computational modeling, network analysis, and natural language processing.
He is recently focusing on three research projects. (1) Real-time Misinformation Monitoring: Evaluating the impacts of real-world misinformation messages in real-time and reducing their adverse socio-psychological consequences. (2) Virtual Social Media: Discovering and examining factors that influence behavior and perception of social media users based on interactive multi-agent network experiments. (3) Map of Misinformation: Investigating the structure of disinformation messages and the landscape of the fake news ecosystem and designing effective misinformation suppression/prevention strategies.
Dr. Kim worked at Samsung Electronics as a computer scientist for several years after earning his B.S. and M.S. degrees in Electrical Engineering and Computer Science from Seoul National University, South Korea. He also holds his Master's degree in sociology. He is a recipient of the ICA Best Paper Award, Wharton Russell Ackoff Fellowship, Waterhouse Family Institute Research Grant Award, Annenberg Doctoral Research Fellowship, and MisinfoCon Research Grant.
Find more information on Dr. Kim’s research and news at his personal site http://www.soojong.kim/
Postdoctoral Fellow
Program on Democracy and the Internet (PDI) and the Digital Civil Society Lab (DCSL)
En octobre 2020 se tiendra en Guinée une élection présidentielle cruciale, qui déterminera si le Président Alpha Condé poursuivra son mandat pour une nouvelle décennie, ou si le pays connaîtra le premier changement de régime démocratique de son histoire. L’élection a aussi d’importantes implications économiques pour les investisseurs étrangers en Guinée.
Dans les mois précédant l’élection, nous avons identifié un réseau de 94 Pages Facebook qui relaient, de manière coordonnée, des publications favorables à Condé et à son parti. Ces Pages, qui comptent au total plus de 800 000 abonnés, publient des textes et des images pro-Condé, et promeuvent des vidéos qui proviennent de médias affiliés au gouvernement. Un faisceau d’indices – des événements relatés dans la presse, des pratiques de publication spécifiques, d’autres éléments encore – permet d’établir un lien entre ces Pages et le parti de Condé, le Rassemblement du Peuple Guinéen (RPG). Plus spécifiquement, il établit un lien avec son équipe de “volontaires communicants” (“Volcom” en abrégé), en réalité salariés du RPG. Les administrateurs des Pages du réseau dissimulent leurs véritables identités sous de faux noms comme « Alpha le Démocrate ». Les Pages ne révèlent pas les relations formelles, voire salariées, de leurs auteurs avec le RPG.
Nous avons partagé une version de cet article, ainsi que les données associées, avec Facebook. Facebook a estimé que les Pages et comptes de ce réseau ne constituent pas une « action inauthentique concertée », et le réseau n’a pas été suspendu. Bien que les activités que nous avons découvertes ne suffisent pas à justifier une action répressive de la part de Facebook, comme la suppression des comptes, ou l’étiquetage des Pages, il nous semble que ces activités ne favorisent pas une vie politique transparente ou des élections équitables. Le cas de la Guinée soulève des questions plus larges : où et comment faire la distinction entre une campagne électorale moderne et des « actions inauthentiques concertées » ?
Contexte
Alpha Condé est le premier président démocratiquement élu en Guinée et a servi deux mandats de cinq ans depuis sa prise de pouvoir en 2010. En mars 2020, il a tenu un référendum pour approuver une nouvelle constitution qui prévoit, entre autres changements, de fixer de nouvelles limites pour les mandats présidentiels. Sous cette nouvelle Constitution, Condé pourrait demeurer au pouvoir pour douze ans supplémentaires. Des manifestants sont descendus dans la rue dans les mois menant au référendum, parfois réprimés par la force. Ils ont également échangé leurs points de vue sur Facebook, le principal réseau social de Guinée, qui compte deux millions de comptes pour environ treize millions d’habitants. Le parti au pouvoir et l’opposition utilisent tous deux Facebook comme la principale plateforme de diffusion de leur communication politique. Cela fait de Facebook un forum clé pour influencer les électeurs et créer l'illusion de soutiens spontanés.
Le réseau des Volcom du RPG
Le réseau de Pages du RPG n’est ni petit, ni discret. Nous avons identifié deux des principales Pages de ce réseau, parce qu’elles sont parmi les seules à placer des publicités politiques en Guinée (comme cela est consigné dans la bibliothèque de publicités de Facebook, la Facebook Ad Library). Il nous est vite apparu évident que des dizaines d’autres Pages et Groupes interagissent avec ces Pages, de façon coordonnée : des publications et des images identiques, diffusées par des comptes qui présentent souvent la même photo de profil.
La plupart du contenu de ces Pages fait l’éloge de la politique et du caractère du président Alpha Condé dans un style journalistique soutenu, avec une syntaxe et un vocabulaire sophistiqués. Certaines publications font référence à des faits précis, émaillés de chiffres et d’autres éléments de preuve. Par exemple, une publication du groupe « Guinéens, ouvrez les yeux » (également retrouvée sur six autres Pages du réseau) célèbre la construction de barrages hydroélectriques par le président Condé, dont un barrage controversé financé par la Chine (Image 1).
Au cours de notre enquête dans ce réseau visiblement organisé, nous avons trouvé des articles de presse sur les individus régulièrement identifiés dans les publications du réseau. L’attention des médias de focalise sur les « Volontaires Communicants » (ou « Volcom ») un groupe de communicants politiques employés et salariés par le RPG pour promouvoir Condé et sa politique. De nombreux membres des Volcom parlent librement de leurs activités. Par exemple, Korbonya Balde se présente sur son compte Facebook comme travaillant pour la « Cellule de Communication du RPG Arc-en-Ciel ». Balde a été arrêté en 2018 pour incitation à la haine raciale et à la violence envers les opposants politiques du RPG sur les réseaux sociaux. En février, les Volcom ont entamé une grève pour dénoncer leurs conditions de travail – un événement qui, d’après nos sources guinéennes, a suscité une attention considérable parmi l’élite guinéenne.
La couverture médiatique de la grève des Volcom a mis en exergue une partie de leurs soutiens au sein du gouvernement guinéen, suggérant que Albert Damantang Camara, Ministre de la Sécurité et la Protection Civile, Hadja Aissatou Béla Diallo, ministre conseillère chargée de mission auprès du président, Madina Thiam (la fille de Diallo) et Souleimane Keita, un membre influent du parti et conseiller présidentiel, financent collectivement les Volcom.
Bien que l’organigramme des Volcom ne soit pas public, au moins deux de leurs membres semblent avoir une influence notable au sein du groupe. Ibrahima Kallo est désigné par d’autres utilisateurs Facebook et plusieurs médias comme « le chef des Volcom ». Il a récemment été nommé comme attaché auprès de Diakara Koulibaly, Ministre des Hydrocarbures. Sa présence sur les réseaux sociaux (Facebook, Twitter, LinkedIn, Snapchat) est prolifique. Il semble aussi avoir un accès privilégié à Condé, comme plusieurs images et liens d’identification (tags) l’attestent. Charles Kolie, mieux connu sous son alias Facebook « Continuité Continuité » semble également avoir un rôle de coordinateur au sein de Volcom. Une biographie publiée sur Facebook affirme que Kolie a rempli plusieurs fonctions au sein du RPG jusqu’en 2007, et qu’il est coordinateur national de Volcom depuis 2018.
Sur la base de ces éléments, nous avons élaboré des critères pour établir des liens entre les Pages pro-Condé que nous avons découvertes et les Volcom. Nous attribuons une Page aux Volcom avec un haut niveau de certitude si elle satisfait au moins deux de ces critères :
Les Volcoms sont mentionnés explicitement, dans des publications ou dans les informations de la Page. Cela passe souvent par l’usage de mots-dièse comme #Volcom_rpg_AEC ou #Volcoms.
Des membres de Volcom sont identifiés dans des publications de la Page, ou des publications de membres des Volcom sont reprises sur la Page, ou les publications de la Page sont régulièrement reprises par des membres des Volcom.
Au moins une publication (texte ou image) a été recopiée directement depuis une autre Page. Dans au moins un sous-ensemble de Pages, nous avons remarqué que les heures de publication et le contenu étaient très largement coordonnés.
Des similitudes dans les métadonnées des Pages, notamment la date de création de la page, la date de mise à jour des photos de profil, l’adresse email ou téléphonique de contact, ou encore la localisation de l’administrateur.
Nous avons identifié 94 Pages que nous attribuons avec un haut niveau de certitude au réseau Volcom. La plupart des Pages du réseau ont été créées à la fin de 2019 ou au début de 2020, et vingt-cinq d’entre elles ont été créées le 27 mars 2020. La plupart des Pages ont entre plusieurs centaines et plusieurs milliers d’abonnés, et quatorze en ont au moins 10 000 (voir les exemples de deux pages dans l’Image 1). La plus importante (« Le coin des guinéens ») a plus de 352 000 abonnés, ce qui pourrait suggérer que presqu’un utilisateur Facebook guinéen sur cinq est abonné à cette Page. Aucune des Pages ne déclare que son contenu émane d’employés du parti RPG ou du gouvernement. Par exemple, dans sa section « A propos », la Page « Guinéens, Ouvrez les Yeux » déclare seulement être « une page créée par des analystes dans le but de dénoncer, critiquer et apporter des solutions sur les différentes mutations de la Guinée ».
Le réseau présente des formes de coordination, y compris la répétition de publications parfaitement identiques à travers plusieurs Pages. Par exemple, la publication en Image 3, qui critique le Front National pour la Défense de la Constitution (FNDC), une coalition de partis d’opposition guinéens, a été publiée presque simultanément le 31 mai sur au moins trois Pages Facebook : à 9h58 sur « Le Forum Républicain », à 10h00 sur « Guinéens, Changeons de Mentalité » et sur « Allons au référendum dans la paix et la concorde ». Plus tard ce même jour, la même publication est apparue sur deux autres Pages du réseau, « Le coin des guinéens » et « Pr Alpha Condé Pour Tous ».
Une telle activité de publication coordonnée est fréquente parmi les Pages du réseau. Nous avons identifié deux ensembles de Pages au sein du réseau qui présentent des activités de publication hautement coordonnées. L’ensemble 1 (Image 4) comprend 15 Pages qui publient régulièrement le même contenu approximativement à la même heure. Ces Pages ont 185 000 abonnés au total, ce qui représente 23 pourcents des abonnés du réseau général. Dix de ces Pages ont un seul administrateur, localisé en Turquie, ce qui pourrait suggérer qu’un même individu ou entreprise pourrait être impliqué dans la gestion de ces Pages. Par ailleurs, sept autres Pages ont également un administrateur en Turquie, ce qui porte le total à dix-sept Pages dans le réseau. Bien que d’autres Pages au sein du réseau aient des administrateurs dans des pays étrangers, comme les Etats-Unis, la France, le Maroc, l’Espagne et l’Inde, le nombre de Pages administrées depuis la Turquie est bien plus important.
L’ensemble 2 (Image 5) comprend 14 plus petites Pages avec 2896 abonnés au total. Toutes les Pages de cet ensemble ont été créées les 26 et 27 mars 2020. A juger par leur faible nombre d’abonnés et d’interactions, nous faisons l’hypothèse que les Pages de cet ensemble sont encore en train de construire leur audience, ou qu’elles servent à grossir les statistiques d’interaction d’autres Pages. Leurs activités de publication sont gérées de manière parallèle, ce qui suggère que des techniques d’automatisation sont utilisées pour gérer ces Pages.
Outre leurs activités de publication coordonnées, ces Pages ont tendance à partager les publications de deux médias vidéo liés au RPG : Alpha Condé TV et 224Minutes (à noter, la Page de 224Minutes a été retirée de Facebook en septembre 2020, peu avant la publication de cet article). La presse guinéenne attribue la direction d’Alpha Condé TV à Madina Thiam, également marraine des Volcom. 224Minutes a précédemment été épinglé par les plateformes de réseaux sociaux pour des violations de leurs conditions d’utilisation : son premier compte Twitter a été suspendu, et Facebook bloque tous les liens extérieurs vers 224minutes.net, affichant le message suivant : « Le lien auquel vous avez tenté d'accéder est contraire à nos Standards de la Communauté ». Sur les Pages Facebook d’Alpha Condé TV et 224Minutes, plusieurs publications présentent un nombre de partages particulièrement élevé au regard de leurs mentions « j’aime », ce qui est suspect. Une publication récente d’Alpha Condé TV, par exemple, a seulement 96 mentions « j’aime » et 67 commentaires mais a été partagée 4000 fois dans les 16 heures.
Les Pages des Volcom sont largement diffusées grâce à un réseau de comptes Facebook géré par les communicants du RPG. La plupart des utilisateurs qui « aiment », commentent ou partagent les Pages du réseau publient presqu’exclusivement du contenu sur Condé sur leurs propres profils personnels. Plusieurs d’entre eux ont les mêmes portraits de Vladimir Poutine ou de Condé comme photos de profil et de couverture (Image 6, Alpha Mon Choix et Politologue Traoré). Certains de ces comptes se présentent comme employés par le RPG Arc-en-Ciel, le parti de Condé.
Ces utilisateurs partagent des contenus issus des Pages du réseau sur leurs propres journaux ou sur des Groupes : les comptes individuels partagent souvent la même publication de nombreuses fois (Image 7). Ils relaient ces publications dans des Groupes neutres, ou même d’opposition, qui ne sont pas contrôlés par Volcom, touchant ainsi un plus grand nombre de Guinéens. Bien que ces utilisateurs se livrent à des activités de publication coordonnées et que plusieurs utilisent clairement de faux noms, il ne s’agit pas nécessairement d’identités complètement fictives. Ainsi, les photos de ces comptes semblent bien être d’une seule et même personne, engagée dans diverses activités, souvent politiques. De plus, nous n’interprétons pas la prolifération de photos de Poutine comme un signe d’interférence russe. Ce phénomène semble plutôt motivé par le parallèle entre Condé et Poutine, qui a également légitimé un changement à la constitution de son pays pour demeurer au pouvoir. En utilisant l’image de Poutine, les soutiens de Condé évoquent les deux décennies de Poutine en Russie comme un modèle de la stabilité et de la continuité auxquelles ils aspirent pour la Guinée.
Des liens avec l'étranger: la Turquie
Etant donné le nombre important de pages gérées par des administrateurs turcs (ou basés en Turquie), nous avons analysé les comportements de publication sur les sujets d’intérêt pour la Turquie. Le réseau des Volcom (y compris les Pages sans administrateur turc) a publié plusieurs articles au sujet d’un conglomérat turc étroitement lié à Condé : le groupe Albayrak, présidé par Ahmet Calik, allié proche d’Erdogan, et précédemment dirigé par Berat Albayrak, gendre d’Erdogan. Les publications mentionnent Albayrak en termes positifs, célébrant les dons d’Albayrak à la Guinée durant la crise du Covid-19 (avec une vidéo du groupe Albayrak) et la mise en place d’un service de collecte de déchets à Conakry (Image 8).
En outre, les membres des Volcom rapportent certaines réunions au sommet entre les dirigeants d’Albayrak et l’administration Condé, comme l’illustre cette photo de Condé en discussion avec Ahmet Calik le 30 octobre 2019, postée par Ibrahima Kallo sur Twitter (Image 9). Dans la publication sont identifiés deux ministres du gouvernement Condé, deux membres de Volcom, et le président-directeur général du Fonds d’Entretien Routier. Cette même année, Albayrak a remporté un contrat pour prolonger un segment de route vers le Port Autonome de Conakry.
Les présidents Erdogan et Condé ont également de très bonnes relations personnelles. Erdogan fut l’un des rares dirigeants internationaux à exprimer son soutien à Condé en envoyant des félicitations officielles après le référendum de mars 2010. Erdogan a également prêté un avion privé à Condé, que Condé utilise à présent comme son avion officiel (Image 11). Un suivi de l’activité récente de l’avion révèle au moins quatre aller-retours entre la Guinée et la Turquie dans la seule seconde moitié de 2019.
Cependant, quoique quelques indices semblent désigner un lien entre les contenus des Volcom et les intérêts officiels de la Turquie, nous n’avons pas pu déterminer l’identité de l’administrateur turc des Pages des Volcom, ni trouver des preuves directes d’une implication turque dans ce réseau.
L'influence des Volcom sur la politique guinéenne
Nous avons contacté plusieurs journalistes et guinéens politiquement engagés pour comprendre dans quelle mesure les Pages des Volcom influencent la politique guinéenne, et combien il était plausible qu’elles convainquent les électeurs à l’orée de l’élection présidentielle d’octobre, ou d’exacerber les tensions entre groupes ethniques en Guinée. De nombreuses sources guinéennes ont confirmé que Volcom est financé par le parti du président et que les principaux partis d’opposition en Guinée utilisent aussi des réseaux sociaux et diffusent de la désinformation ou de la mésinformation. Par exemple, d’après certaines de nos sources, l’opposition aurait prétendu qu’Alpha Condé était traité pour le Covid-19 à l’étranger, ce qui s’est avéré faux. Cependant, bien que nous ayons trouvé des Pages soutenant l’opposition guinéenne avec des dizaines ou des centaines d’abonnés, aucune ne présentait un système de publication coordonné. Nos sources affirment que la désinformation en ligne (aussi appelée « intoxication » en Guinée) est un élément si crucial du jeu politique qu’aucun parti ne peut se permettre de s’en abstraire.
La propagande politique et la désinformation en Guinée sont loin d’être inoffensives. Nos sources ont déploré l’illettrisme digital en Guinée, qui rend la population très susceptible à la propagande sur internet. « C’est un immense problème en Guinée. Tout ce que les gens voient sur Facebook, ils s’imaginent que c’est la réalité. Il y a aussi beaucoup plus de fausses informations et de fausses actualités en Guinée. » Plusieurs de nos contacts ont exprimé la crainte qu’en nourrissant l’antagonisme entre partis, la désinformation n’accentue les tensions entre les groupes ethniques Peuls et Mandinka. Une série d’articles de presse sur les Volcom se focalise sur une affaire de 2018, dans laquelle des communicants du RPG et de l’UFDG ont été arrêtés pour incitation à la violence.
Que faire pour limiter la propagande digitale en Guinée ?
Nos contacts en Guinée sont sceptiques quant à l’efficacité d’une nouvelle régulation contre la désinformation. Comme une personne l’a évoqué, «Notre Constitution mentionne la cybercriminalité et prévoit des sanctions ; mais la mise en application, comme dans tous les domaines, pêche. » Ils ont souvent cité le besoin d’impliquer plus activement la société civile : « Il nous faut une société civile très dynamique et ouverte. Si aucun organisme indépendant ne contrôle l’action gouvernementale, la société civile doit garantir la transparence. » D’autres ont mis en exergue l’importance de formations en communication digitale pour le public.
Cependant, la construction d’une société civile robuste, ou l’amélioration de l’éducation en matière digitale, prendront du temps. Alors que la Guinée se prépare pour une élection décisive, le parti au pouvoir a déjà construit l’infrastructure Facebook nécessaire pour mener des campagnes de propagande grande ampleur en faveur d’un troisième mandat du Président Condé. Nous voyons cette opération comme un cas d’espèce d’une campagne politique qui – intentionnellement ou non – met au jour des zones grises dans les politiques de Facebook. Facebook juge que ce réseau ne remplit pas les critères d’une « action inauthentique concertée », mais nous croyons que le manque de transparence du réseau sur ses affiliations avec le parti au pouvoir est incompatible avec l’idéal démocratique d’une campagne électorale.
Nous avons enquêté sur un large réseau de pages Facebook opérées par le parti du président guinéen Alpha Condé. Les Pages orchestrent des publications qui soutiennent la candidature de Condé à un troisième mandat, et sont gérées sous des noms d'emprunt.
Daphne Keller leads the newly launched Program on Platform Regulation a program designed to offer lawmakers, academics, and civil society groups ground-breaking analysis and research to support wise governance of Internet platforms.
Q:Facebook, YouTube and Twitter rely on algorithms and artificial intelligence to provide services for their users. Could AI also help in protecting free speech and policing hate speech and disinformation?
DK: Platforms increasingly rely on artificial intelligence and other algorithmic means to automate the process of assessing – and sometimes deleting – online speech. But tools like AI can’t really “understand” what we are saying, and automated tools for content moderation make mistakes all the time. We should worry about platforms’ reliance on automation, and worry even more about legal proposals that would make such automated filters mandatory. Constitutional and human rights law give us a legal framework to push back on such proposals, and to craft smarter rules about the use of AI. I wrote about these issues in this New York Times op ed and in some very wonky academic analysis in the Journal of European and International IP Law.
Q: Can you explain the potential impacts on citizens’ rights when the platforms have global reach but governments do not?
DK: On one hand, people worry about platforms displacing the legitimate power of democratic governments. On the other hand, platforms can actually expand state power in troubling ways. One way they do that is by enforcing a particular country’s speech rules everywhere else in the world. Historically that meant a net export of U.S. speech law and values, as American companies applied those rules to their global platforms. More recently, we’ve seen that trend reversed, with things like European and Indian courts requiring Facebook to take user posts down globally – even if the users’ speech would be legally protected in other countries. Governments can also use soft power, or economic leverage based on their control of access to lucrative markets, to convince platforms to “voluntarily” globally enforce that country’s preferred speech rules. That’s particularly troubling, since the state influence may be invisible to any given users whose rights are affected.
There is such a pressing need for thoughtful work on the laws that govern Internet platforms right now, and this is the place to do it... We have access to the people who are making these decisions and who have the greatest expertise in the operational realities of the tech platforms.
Daphne Keller
Director of Program on Platform Regulation, Cyber Policy Center Lecturer, Stanford Law School
Q:Are there other ways that platforms can expand state power?
DK: Yes, platforms can let states bypass democratic accountability and constitutional limits by using private platforms as proxies for their own agenda. States that want to engage in surveillance or censorship are constrained by the U.S. Constitution, and by human rights laws around the world. But platforms aren’t. If you’re a state and you want to do something that would violate the law if you did it yourself, it’s awfully tempting to coerce or persuade a platform to do it for you. This issue of platforms being proxies for other actors isn’t limited to governments – anyone with leverage over a platform, including business partners, can potentially play a hidden role like this.
I wrote about this complicated nexus of state and private power in Who Do You Sue? for the Hoover Institution.
Q: What inspired you to create the Program on Platform Regulation at the Cyber Policy Center right now?
DK:There is such a pressing need for thoughtful work on the laws that govern Internet platforms right now, and this is the place to do it. At the Cyber Policy Center, there’s an amazing group of experts, like Marietje Schaake, Eileen Donahoe, Alex Stamos and Nate Persily, who are working on overlapping issues. We can address different aspects of the same issues and build on each other’s work to do much more together than we could individually.
The program really benefits from being at Stanford and in Silicon Valley because we have access to the people who are making these decisions and who have the greatest expertise in the operational realities of the tech platforms.
Nearly 120 million children in 37 countries are at risk of missing their measlescontaining vaccine (MCV) shots this year, as preventive and public health campaigns take a back seat to policies put in place to contain coronavirus disease 2019 (COVID-19). In March, the World Health Organization (WHO) issued guidelines indicating that mass vaccination campaigns should be put on hold to maintain physical distancing and minimize COVID-19 transmission. The disruption of immunization services, even for short periods, will lead to more susceptible individuals, more communities with less than the 95% MCV coverage needed for herd immunity, and therefore more measles outbreaks globally. A mere 15% decrease in routine measles vaccinations—a plausible result of lockdowns and disruption of health services—could raise the burden of childhood deaths by nearly a quarter of a million in poorer countries. Solutions for COVID-19, especially among the global poor, cannot include forgoing vaccinations.
Slavery, colonialism and emancipation are important aspects of archaeological research in the Atlantic region, but the lifeways of colonial populations remain understudied in the Indian Ocean World. Here, we help to redress this imbalance by undertaking stable isotope analysis (C, N and O) on human remains from Mauritius, a location which played an important role in the movement of people across the Indian Ocean and beyond. The results indicate that a wide range of diets was consumed in Mauritius during the nineteenth century, varying with location and circumstances of birth such that while a range of resources would have been available on the island, the proportions of the different resources consumed was different for different people. Most people consumed some C4 resources, likely maize, although the proportion of the diet that this represented varied widely. There is some evidence for the use of marine resources, with one individual consuming a very high proportion of marine foods. In general, the people buried at the post-emancipation cemetery Le Morne consumed a higher proportion of C4 foodstuffs and a lower proportion of animal protein and/or marine resources than those individuals buried at the formal public cemetery Bois Marchand. The data from La Morne are consistent with a population that lived separately as children and then came to live, and eat, together during adulthood. This study has shown a much more nuanced picture of diet in Mauritius at this time than was previously known. The research complements and enriches the historic narrative, adding dimensions to small islands that would otherwise remain obscure in the absence of rigorous scientific assessment of archaeological finds.